& les Chroniques
Express
White Canyon and The 5th Dimension
"Spectral Illusion"
DATES | Sorti le 2 avril 2021 | Publié le vendredi 6 août 2021
ET ALORS | Inutile d’y aller par quatre chemins : "Spectral Illusion", le très addictif second album de White Canyon and The 5th Dimension est un authentique album de guitares, tour à tour domptées et douces, puis sauvages et rugueuses, qui serpentent sur le sinueux chemin du rock psychédélique et du post punk minimal que le groupe s’est choisi. C’est un album qui se faufile entre mystère et mystique, qui parle de légendes et de l’au-delà, de fantômes, de spectres et de serpent qui se mord la queue, et dont la pochette illustre à merveille le propos. Dans cette brume orchestrée par les guitares nerveuses et les cymbales d’une batterie bestiale, l’on croit reconnaître la voix de Jim Reid sur une obscure face B compilée sur le "Barbed Wire Kissed" de The Jesus and Mary Chain. Mais "Spectral Illusion" sait être autre chose de plus sournois, de plus inquiétant et de plus perçant aussi, grâce à cette rythmique qui semble se caler sur le souffle court d’un animal nocturne en chasse, comme sur le magnifique "Endless Sea" de neuf minutes. Organique, impulsive et instinctive, telle est la musique de ce duo brésilien mixte extrêmement discret mais diablement efficace, capables de produire un disque surprenant, si mystérieux, lancinant et enivrant.
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PRÉMO
16/20
Gnome & Spybey
"The Seventh Seal"
DATES | Sorti le 7 avril 2021 | Publié le vendredi 16 juillet 2021
POURQUOI | Ant-Zen | Mark Spybey
ET ALORS | Pour un peu, nous passions à côté du septième album de Gnome & Spybey, sorti début avril, "The Seventh Seal". Le disque crée la surprise puisqu’il s’agit du premier album que le duo réalise avec autant de vocaux au premier plan. Parler de chansons serait cependant un raccourci trop rapide, un amalgame un poil osé, pour ce qui relève plutôt du spoken words assez proche des travaux de Coil période "Astral Disaster" et "Musick to Play in the Dark". On découvre alors que le timbre de Mark Spybey est ici très proche de celui de John Balance, une bénédiction qui ne gâche rien à l’affaire, et ses paroles fantomatiques, comme capturées entre deux mondes et pour la première fois propulsées au premier plan, installent une dualité et un réconfort, dans cet océan d’ambient électronique un rien angoissante. Rarement au sein de ses autres projets Beehatch, Dead Voices on Air ou plus récemment en compagnie d’Anatoly Grinberg, Mark Spybey ne nous avait semblé aussi accessible : c’est une première tellement réussie que l’on en redemande déjà.
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PRÉMO
15/20
Marva Von Theo
"Afterglow"
DATES | Sorti le 26 février 2021 | Publié le lundi 7 juin 2021
ET ALORS | Nous avions découvert Marva Von Theo en 2018 avec "Dream Within a Dream", le premier album d’un jeune duo venu d’Athènes, et dont la dark pop impressionnait par l’incroyable justesse de son interprétation et par les choix de ses expérimentations. Trois ans plus tard, l’alchimie des compositions électroniques de Theo Foinidis et le lyrisme de Marva Voulgari confine à la perfection sur "Afterglow". Il faut reconnaître que la chanteuse possède une voix charnue et sensuelle, d’une précision telle que son chant si vivant nous donne l’impression de voir danser avec beaucoup de grâce les notes de sa partition. On pense naturellement à Bel Canto et à Pocket Knife Army pour la formule mixte, le timbre de la voix, ainsi qu’un certain penchant pour la prise de risque. Mais les comparaisons s’arrêtent là, car ici chaque titre dévoile la puissance mélodique et le savoir-faire unique d’un groupe pour lequel tout est devenu possible avec ce second disque intelligent et intemporel, à la réalisation minutieuse et remarquable. D’ailleurs, "Afterglow" aurait aussi bien pu être enregistré il y a quinze ans ou bien dans vingt, car sa réussite repose en très grande partie sur une qualité fondamentale : le talent.
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17
PRÉMO
17/20
Front Line Assembly
"Mechanical Soul"
DATES | Sorti le 15 janvier 2021 | Publié le dimanche 28 mars 2021
ET ALORS | Deux mois seulement ont séparé son annonce et sa sortie, et l’on comprend l’urgence car qui mieux que Front Line Assembly sait chanter la pandémie, la désolation et la fin du monde ? Mais c'est surtout dans sa conception que "Mechanical Soul" intrigue : Rhys Fulber reconnaît avoir accumulé énormément de matériel solo depuis ses débuts techno en 2017, et admet volontiers avoir pioché dans cette réserve pour donner corps à cet opus, pourtant enregistré à deux. Cela s'entend effectivement sur chaque morceau qui sonne comme ses productions personnelles, avec en sus la marque de fabrique du groupe reconnaissable entre mille : les vocaux de Bill Leeb calés au millimètre. Les morceaux s’enchaînent et percutent comme cet extraordinaire "Unknown" qui présente quelques similitudes avec "Shifting Through the Lens" sur "I.E.D", ou "Komm, Stirbt Mit Mir" qui rappellera à bien des égards "Schicksal" sur "Civilization". Un magnifique tour de passe-passe transforme le "Future Fail" avec Jean-Luc de Meyer sur "Artificial Soldier" en un "Barbarians" peut-être ralenti, mais à la puissance de frappe décuplée. Avec un nouveau Noise Unit également dans la course, on se dit que l'on va réussir à tenir bon en 2021.
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15.33
PRÉMO
16/20
Betsch
"La Traversée"
DATES | Sorti le 24 avril 2020 | Publié le vendredi 6 novembre 2020
ET ALORS | Est-ce qu’on peut être ému, sincèrement, par les histoires que raconte un autre ? Est-ce qu’on peut être touché, profondément, par des mots, comme lorsqu'ado nous écoutions dans l'obscurité "Pornography" de The Cure, "A New Form of Beauty" de Virgin Prunes ou "Low Life" de New Order ? Bertrand Betsch nous démontre avec son nouvel album, "La Traversée", que cette possibilité de transmission perdure, quel que soit notre âge, quelle que soit notre vie, que l'artiste peut à partir de quelques mots, à partir d’une "simple" chanson entrer en résonance avec nous et notre propre histoire. "On n’est pas toujours gentil, on est parfois mauvais garçon" ("À la Nage"), "C’est un regard c’est un baiser, à la dérobée, c’est presque rien, mais ça fait du bien", ("À la dérobée"), "À la fin, il y a toujours un matin, à la fin ce qu’on est, on le devient" ("À la fin") ou encore "Et même si l’on meurt, après bien des malheurs, on aura eu du bonheur" ("Le Bonheur"). Comme La Variété en son temps, Erik Arnaud, Mendelson ou Daniel Darc, comme tous ces poètes sagement tapis dans l’ombre de Dominique A, Bertrand Betsch sublime la mélancolie, la tristesse… la vie.
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17
PRÉMO
18/20
Lamia Vox
"Alles Ist Ufer. Ewig Ruft Das Meer"
DATES | Sorti le 1 aout 2020 | Publié le vendredi 30 octobre 2020
ET ALORS | "Alles Ist Ufer. Ewig Ruft Das Meer" ("Tout est Rivage. La Mer appelle pour toujours"), le quatrième album de Lamia Vox, de son vrai nom Alina Antonova, s'écoute obligatoirement en fermant les yeux. Votre subconscient vagabond vous chuchotera alors en un éclair que si Lisa Gerrard avait décidé, en 1998, de s’associer au duo Suédois Arditi plutôt qu’à l’Australien Pieter Bourke, l'album "Duality" que la chanteuse de Dead Can Dance sortit cette année-là aurait furieusement ressemblé au nouvel album de l’artiste tchèque dont il est question ici. Les rythmes martiaux s'invitent dans des compositions néo-classiques faites de sons de cors, de santour et de nappes inquiétantes, pour un résultat qui emprunte les chemins de procession de la dark ambient, de la musique rituelle et du chant éthéré. Jamais répétitif, à la fois solennel et très beau, le disque libère ses incantations titre après titre tout au long d’une cérémonie digne. Une très belle réussite.
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15/20
Korine
"The Night We Raise"
DATES | Sorti le 4 septembre 2020 | Publié le mercredi 28 octobre 2020
POURQUOI | Le nom
ET ALORS | Ce qui a toujours été un peu dérangeant avec la synth-pop, ce sont ces voix de poseurs et leurs ballades souvent un peu pesantes ; ce qui distingue la musique pour dancefloor de la nôtre, c’est son manque d’humanité ; ce qui nous met mal à l’aise avec la new wave de 2020, c’est son absence d’originalité ; ce qui nous lasse avec les jeunes formations électroniques, c’est la monotonie de leurs productions. Mais ce qui nous fait adorer Korine et son second album "The Night We Raise" c’est que le disque de ce duo de Philadelphie est à la fois sans prétention et d’une intelligence époustouflante. Huit titres, pour trente-deux minutes, d’une synth-pop, aux accents new wave, orientée pour les dancefloors. Mais d’une variété, d’une originalité et d’une humanité sans faille. On est ému par la profondeur et la richesse de cette production que l’on peut écouter en boucle sans jamais se lasser. Un bijou d’une insolence inouïe.
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18/20
Black Nail Cabaret
"Gods Verging On Sanity"
DATES | Sorti le 8 mai 2020 | Publié le lundi 11 mai 2020
ET ALORS | Nous avions découvert le duo Black Nail Cabaret lors de la sortie de son troisième album "Dichromat" fin 2016. À l’époque, le groupe hongrois venait de subir un changement majeur puisque Zsophia Tarr, co-fondatrice du duo jusqu’alors féminin, laissait sa place à Kristian Arvai, compagnon de la chanteuse Emese Arvai-Illes. Aujourd’hui le couple a déménagé à Londres et n’a rien perdu de ce qui nous avait fasciné quatre ans plus tôt. Il y a toujours cette voix, unique, franchement hypnotisante, que nous avions découverte sur "Mine" d’Architect, et entendue très récemment sur "The Great Derailer" d’Attrition. Le groupe excelle dans l’art de produire ce qu’il appelle de la "Pseudopop", un terme qui a d’ailleurs donné son titre à leur précédent disque ; de la pop, certainement, mais traitée au noir absolu, et d’un lyrisme peu commun. D’ailleurs, signe d’une notoriété grandissante, le groupe devait sillonner l’Allemagne en compagnie de Covenant ce printemps avant que le monde ne se place en quarantaine. Ce sera donc pour la rentrée, et avec un telle affiche, on espère des dates chez nous.
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15
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15/20
Lalić
"Post Mortal Gothic"
DATES | Sorti le 4 avril 2020 | Publié le jeudi 7 mai 2020
POURQUOI | Pochette | Titre
ET ALORS | Quelle curiosité ce "Post Mortem Gothic", résultat du travail de Lalić, Serbe d’origine et installé à Melbourne en Australie qui, avec "Post Mortal Gothic", en est à son septième album… On aime ici rappeler les raisons qui nous incitent à écouter un disque (le "pourquoi" qui prône fièrement au dessus de nos chroniques) et je dois avouer que celles-ci ne sont cette fois-ci pas très flatteuses pour l'artiste. C’est en effet la pochette, plutôt laide, et le nom improbable qui m’ont attiré. Deux barrières qu’on aurait pu imaginer infranchissables mais que le manque du discernement lié au confinement actuel m’ont amené à franchir. Et quelle surprise, ces jolies petites mélodies qui s’imposent à la première seconde de chaque morceau comme si on les avait toujours connues. La voix n’est pas en reste pour rendre l’ensemble immédiatement addictif et on a une impression de DIY tant les "instruments", guitare, basse, boîte à rythme (peut-être tout électronique) prennent leur place d’une façon évidente, s’emboîtent et deviennent des éléments d’affection assez troublants. Chaque titre vous fera taper du pied dès son démarrage et avant d’en atteindre la moitié vous serez en train de l’entonner comme si vous l’aviez toujours connu.
CONNEXE | Indie Pop | Pop | Synthpop | DIY
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PRÉMO
15/20
Promenade Cinema
"Exit Guides"
DATES | Sorti le 20 mars 2020 | Publié le lundi 27 avril 2020
POURQUOI | Nom | Synthpop | Sheffield | Pochette
ET ALORS | Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Emma Barson et Dorian Cramm ont mis le paquet pour leur second album de cinedramatic synthpop comme ils aiment qualifier leur propre musique. Les ambiances qui se succèdent sont variées, alternant entre superproductions ("She’s an Art", "Nothing Nouveau") et réalisations plus solennelles et confidentielles ("After The Party, It’s Over"), pour un résultat d’une cohérence parfaite du début à la fin. L’atout majeur de ce duo venu de Sheffield est évidemment cette voix puissante que les synesthètes traduiraient probablement par une couleur flamboyante ; posé sur une électropop en gris foncé, le chant d’Emma insuffle le supplément de magie nécessaire aux machines pour donner vie à ces chansons que l’on devine toutes plus complexes qu’il n’y paraît de prime abord. On y aime la richesse des compositions et des arrangements, sans oublier ce panache omniprésent qui rappelle d’autres formations contemporaines telles que Black Nail Cabaret ou Pocket Knife Army. S’il fallait vous convaincre par un seul titre, ce serait "Nothing Nouveau" qui résume à lui tout seul la force de frappe et l’amusante mixité linguistique d’un groupe que nous allons désormais suivre de près.
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PRÉMO
15/20
FILTRES | a